VŒUX A LA PRESSE DE MARTINE AUBRY - 19 janvier 2009

Publié le par Section de Lille Fives

VŒUX A LA PRESSE DE MARTINE AUBRY

PREMIERE SECRETAIRE DU PARTI SOCIALISTE

 

UN NOUVEAU SENS, DES 2009

 

Bonjour à toutes et à tous.

Et merci d’avoir répondu si nombreux présents à l’invitation du Parti socialiste, et d’être venus cet après-midi dans cette sympathique salle de La Bellevilloise, au cœur de ce Paris vivant, populaire, fraternel, que nous aimons.

Je vous suis d’autant plus reconnaissante d’être là que je vous ai fait faux bond, bien involontairement, la semaine dernière. Un stupide accident à l’œil m’a empêchée de vous rencontrer, et m’a aussi fait bien souffrir !

Je suis désolée de vous avoir imposé ce contretemps et vous remercie d’être là. Je suis d’autant plus navrée de ce changement que Poul Rasmussen devait être à nos côtés mercredi dernier. Il n’a pas pu malheureusement se libérer à nouveau aujourd’hui étant à l’étranger.

Poul, c’est bien sûr le leader des Socialistes européens, le PSE ; mais c’est aussi un militant et grand un avocat de l’Europe. C’est aussi un homme volontaire et visionnaire. Six mois avant la crise financière, Poul a adressé à l’ensemble des dirigeants européens y compris Nicolas Sarkozy, une lettre alertant sur les risques pour le monde, des dérives du système libéral, à un moment où nos dirigeants s’évertuaient à expliquer que l’Europe était à l’abri. Tout ce qui s’est produit depuis y était déjà écrit. Et puis, nous y reviendrons, il a convaincu les dirigeants de l’ensemble des partis socialistes et sociaux-démocrates européens de signer le manifeste pour l’Europe, préparé en associant largement – c’est une première – les militants, des syndicalistes, des intellectuels…

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J’ai le plaisir d’être entourée du Secrétariat National. Nous sommes heureux de vous accueillir ensemble pour partager ce moment traditionnel des vœux. Une cérémonie traditionnelle, en effet, mais qui conserve à mes yeux tout son sens : celui de l’ouverture et de l’attention aux autres, de la cordialité et de l’amitié. Toutes choses précieuses dans une époque trop souvent dure, froide. Et encore plus peut-être en cette année 2009 qui s’ouvre dans un contexte tendu et difficile et qui sera, à tous points de vue, une année décisive.

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Tout d’abord, je souhaite adresser à chacune et à chacun d’entre vous mes vœux chaleureux pour une belle année 2009 pour vous et ceux que vous aimez. Qu’elle vous apporte le meilleur.

Mes vœux vont aussi vers vous tous ici réunis et au-delà de cette salle, vers tous les journalistes de la presse écrite, audiovisuelle et de l’Internet. Une presse libre, forte, assurée de son indépendance et de sa pérennité est indispensable à la démocratie. Le rappeler, ce n’est pas faire de la petite politique, c’est défendre la République.

Je souhaite d’abord avoir une pensée pour tous les journalistes rédacteurs, reporters, photographes qui couvrent partout dans le monde des situations de détresse, des guerres, parfois au péril de leur vie et à ceux qui sont emprisonnés pour avoir voulu faire connaître la vérité : 60 journalistes tués en 2008, 673 arrêtés, plus de 1000 agressés, censurés ou enlevés.

De retour en France, nous devons, au-delà du contexte économique de la presse écrite, parler de l’environnement qui rend de plus en plus difficile l’indépendance de la presse.

L’élection de Nicolas Sarkozy laissait entrevoir au moins deux reculs pour les Français, nous l’avions dit : un recul économique et social, un recul démocratique et moral. L’échec économique et social maintenant évident est bien la conséquence de sa politique symbolisée par la loi TEPA. De la même manière, le recul démocratique et moral est symbolisé par la loi sur l’audiovisuel : nomination et révocation du président des chaînes publiques, suppression de la publicité sans contrepartie claire et forte du financement, tentatives d’intervention sur le contenu des programmes et tentations d’intrusion dans la ligne éditoriale.

Je dis recul démocratique et moral car, quand le président de la République entretient un lien si étroit avec des dirigeants de grands média, dépendant par ailleurs dans leurs groupes de la commande publique d’Etat, il y a danger pour les libertés, celle de penser, celle de parler, celle d’écouter.

Cette crainte est plus fondée encore si l’on en juge, sans mauvais jeu de mot, par les assauts répétés contre le respect du secret des sources ; on se rappelle l’hallucinante arrestation de Vittorio de Filippis.

Interrogation encore et toujours quand les sources d’information des médias comme de l’opinion sont remises en cause : je souhaite ici faire part du soutien du Parti Socialiste à l’Agence France Presse et à ses personnels.

L’AFP doit conserver sa mission d’intérêt général et son indépendance, et ne pas être transformée en agence du gouvernement, ni en succursale ou filiale d’entreprises privées. C’est dans le même esprit que nous défendons les fonctionnaires qui se battent pour préserver la statistique publique dans tous les lieux où elle est remise en cause.

Alors, puisque l’heure est à former des vœux pour 2009, je souhaite à la presse de conserver son indépendance et sa liberté de ton, d’accroître son audience et ses tirages – je reste persuadée que les deux sont liées –, de continuer à questionner et à déranger tous les pouvoirs – quels qu’ils soient –, de poursuivre sa mission d’information et d’éducation du public en toute liberté, en toute sérénité.

*

J’ai commencé par l’atteinte à l’indépendance de la presse puisque je m’adresse à vous aujourd’hui, mais aussi parce qu’elle est révélatrice de nos inquiétudes sur la remise en cause de certaines libertés publiques dans notre pays :

- les tests ADN, funeste traçabilité des personnes, que nous avons combattus ;

- le fichier EDVIGE que nous avons contesté ;

- les lois DATI notamment sur la rétention de sûreté et les peines plancher ;

- les pressions exercées sur les magistrats ;

- l’annonce de la suppression du juge d’instruction qui porte atteinte à l’indépendance de la justice et à l’égalité d’accès aux droits ;

- les atteintes au respect du secret de l’instruction et de la présomption d’innocence.

Et que dire de cette loi organique prise en application de la réforme constitutionnelle qui devait accroître les droits du Parlement, et finalement aboutit à brider ceux de l’opposition ? Nos parlementaires s’y opposent en ce moment même avec force, car si le Parlement n’est pas, dans une démocratie, le lieu où s’échangent les arguments et le débat, alors ils auront lieu dans la rue ; et cela, personne ne peut le souhaiter.

Sur la défense de ces principes et de ces droits, soyez-sûrs que le parti socialiste est et sera vigilant et combatif.

L’année 2009 sera décisive aussi pour l’organisation des pouvoirs dans la République. Nous serons attentifs - c’est un euphémisme- aux décisions que le Président de la République tirera de la commission Balladur.

Les socialistes croient à la fois en l’existence d’un Etat fort, remplissant avec efficacité ses tâches régaliennes, faisant vivre la solidarité entre les habitants et les territoires à travers des services publics forts, et d’un Etat stratège porteur d’une vision industrielle, technologique, territoriale, et préparant l’avenir.

Nous défendons avec la même vigueur des collectivités territoriales qui doivent se moderniser, mieux s’articuler, mais doivent, à l’instar de ce qui se passe dans les grands pays, être responsables et autonomes. Cela signifie une élection par le peuple à partir de modes de scrutin justes, des compétences claires sans contrôle tatillon de l’Etat, des ressources indépendantes et dynamiques. Le Parti Socialiste a adopté des propositions constructives dans cet esprit. Elles sont communes à l’ensemble de nos élus des régions, départements et des communes. Nous les présenterons le 28 janvier à la Commission Balladur.

Nous sommes pour le mouvement, mais dans l’esprit d’un meilleur fonctionnement démocratique au service de nos concitoyens. 

Je le dis avec solennité : nous ne laisserons pas utiliser la réforme territoriale comme une entourloupe politicienne pour reprendre des collectivités locales à la gauche.

Nous ne laisserons pas changer le mode de scrutin des élections régionales ou des redécoupages des circonscriptions, préparées à cette seule fin.

Même à l’extérieur de nos frontières, on s’inquiète de ces dérives. Der Spiegel, hebdomadaire connu pour sa mesure et son sérieux, écrivait récemment : « Le discours politique se radicalise, comme si Sarkozy et ses camarades de combat avaient été à l’école de G. Bush. Leur credo est le suivant : ceux qui ne sont pas avec nous sont contre nous. L’axe du mal version Sarkozy se compose des syndicats, des journalistes, des juristes, des étudiants, des scientifiques et des immigrés…. ». Je pourrais ajouter de l’opposition.

Dans ce même article, il faut le dire, Der Spiegel faisait état du difficile congrès du Parti Socialiste. Il s’est achevé voilà un mois et demi. Depuis les choses ont commencé à bouger. Oui, nous nous sommes engagés sur le chemin qui va conduire les socialistes et la gauche de la convalescence à l’alternance.

Le Parti Socialiste est la principale force de l’opposition, la seule capable pour les français de s’opposer aux dérives actuelles mais aussi de proposer d’autres réponses, et d’agir là où il est en responsabilité Il nous fallait retrouver la politique, le travail collectif comme l’ouverture à la société, c’est ce que nous sommes en train de faire.

Je souhaite saluer chaque membre de la nouvelle équipe qui contribue à cet objectif. Nous sommes tous au travail mais aussi auprès des Français pour défendre par exemple l’hôpital, la Poste, et bien entendu au Parlement pour combattre les régressions sociales comme le travail du dimanche.

Mais nous sommes là aussi pour agir là où nous sommes en responsabilité dans nos régions, départements ou villes. Ainsi les socialistes se mobilisent pour contribuer à la relance en aidant, dans le cadre de leurs missions, les français pour faire face à leur difficultés de pouvoir d’achat –baisse des tarifs de cantine, accès aux centres de loisir…- ou en boostant là où ils le peuvent l’investissement pour soutenir les artisans et les entreprises de leur territoire.

De même les socialistes vont agir ensemble pour lancer un grand chantier de lutte contre les discriminations ou pour joindre leurs efforts pour apporter l’aide humanitaire à Gaza ce que nous avons commencé à faire. C’est une des missions du Forum des territoires qui par ailleurs permet aux élus d’échanger sur leurs pratiques et leurs expériences.

Nous ramenons aussi vers le Parti Socialiste, avec le Laboratoire des idées, tous ceux, experts, intellectuels, syndicalistes, associatifs qui croient à un autre modèle. La réflexion sera bien sûr précise autour de thématiques particulières, mais nous voulons aussi penser global, remettre de la cohérence pour préparer notre projet. Sur ce dernier point, deux grandes questions sont d’ores et déjà lancées : en quoi la crise va changer nos comportements et comment faire en sorte qu’elle permette l’émergence d’un nouveau modèle ? Comment concilier notre recherche permanente de l’égalité avec le respect de la diversité ?

Oui, le Parti Socialiste est bien présent pour dénoncer, proposer et agir.

Vous m’avez peu entendu ces dernières semaines, mais nous avons beaucoup travaillé et les socialistes se sont exprimés. Le débat politique est de retour en notre sein. Et autant vous le dire simplement : je ne crois pas à l’homme ou à la femme providentielle ; je ne crois pas aux personnalités dominantes ou omniscientes. Je crois à l’intelligence collective et si j’ai une demande à vous faire, c’est de donner la parole à ceux qui m’entourent dans leurs domaines respectifs. Je ne confonds pas non plus l’activisme et l’action, l’agitation et le mouvement, l’autorité et l’autoritarisme, la mise en scène de soi et la mise en œuvre d’un projet. La rénovation, qui est l’autre chantier majeur porté en notre sein, passe aussi par là. Mais soyez certains que je suis là pour remplir pleinement mes responsabilités : animer, décider, et que je m’exprimerai à chaque fois que la situation le rendra nécessaire, mais toujours avec la volonté de représenter un Parti Socialiste collectif et uni.

Uni, me direz-vous, ce n’est pas encore le cas. Et pourtant dans les faits, la concertation fonctionne bien et beaucoup de ceux qui ne sont pas dans la majorité participent au débat collectif avec le même entrain. Bien sûr, il y a encore quelques réfractaires. Laissons-leur le temps. Nous sommes, quant à nous, toujours prêts à aller plus loin dans cette unité. Laissons les choses avancer à leur rythme.

*

Revenons-en finalement à l’essentiel pour notre parti : être à la hauteur de ce qu’attendent les citoyens. Et, après vous avoir dit que cette année est décisive pour le Parti Socialiste, vous dire qu’elle est d’abord décisive pour la France et les Français.

Je souhaite bien sûr d’abord évoquer ici la crise économique et sociale profonde dans laquelle s’enfonce notre pays. La récession, la baisse du pouvoir d’achat, l’augmentation du chômage n’ont pas attendu la crise financière pour s’installer en France. Notre pays était en récession avant d’être en dépression ! La crise a aggravé, amplifié cette réalité ; elle ne l’a pas provoquée. Aujourd’hui la situation est connue : la France s’embourbe dans une crise dont nous ne connaissons ni la force ni la durée, et n’a toujours pas de plan de relance, comme le remarquent les autres pays européens qui, eux, agissent.

Malgré cela, le Président de la République continue de penser qu’il a raison. Il parcourt la France en ce début d’année pour expliquer qu’il ne faut rien changer. Partout l’accueil est le même : des manifestants auxquels répondent des cortèges de CRS. Cela a le mérite de faire ressentir au Président ce que pensent les français. Lui aussi est de retour dans les manifestations, mais pas du même côté.

Nous avons été présents pendant cette crise : nous avons accompagné le gouvernement dans la période aigue, tout en posant des conditions et notamment en demandant des contreparties aux aides accordées aux banques, contreparties promises qui n’ont malheureusement pas été mises en place. J’ai moi-même interpellé le Président de la République avant son intervention dans les Ardennes le 28 octobre 2008 pour lui demander de suspendre son budget qui ajoutait la crise à la crise. Depuis, nous lui avons fait à plusieurs reprises des propositions précises en ce qui concerne le pouvoir d’achat, la relance de l’investissement dans le domaine du logement ou par le soutien aux collectivités locales et nous avons demandé des mesures de soutien aux PME/PMI.

Nous n’avons cessé de réitérer ces demandes, comme le font aujourd’hui encore les parlementaires, pour un plan de relance massif, équilibré entre la consommation et l’investissement, et produisant des effets à court terme.

Aujourd’hui, la France n’a toujours pas de réel plan de relance. Les 26 milliards d’euros annoncés ne résistent pas à l’analyse, pas seulement de nous même mais aussi des experts ; seuls 4 à 5 milliards nouveaux sont réellement injectés dans l’économie. Ils ne sont en aucun cas à la hauteur des nécessités.

Et pourtant des solutions existent pour augmenter le pouvoir d’achat ou relancer l’investissement, comme l’ont fait l’Espagne, la Grande Bretagne, l’Allemagne et bientôt les Etats-Unis.

Nous proposerons après-demain un plan ambitieux que nous souhaitons pour la France, notamment pour relancer le pouvoir d’achat et l’investissement, pour accompagner des secteurs comme l’automobile ou le logement, mais aussi pour empêcher les licenciements boursiers et protéger les salariés licenciés. Là aussi, je l’ai dit, le Parti Socialiste ne se contente pas de dénoncer, mais il propose.

Oui, cette année est décisive pour les français, partagés entre les difficultés du présent et les angoisses pour l’avenir.

Face aux perspectives économiques et sociales dramatiques qui sont devant nous, je reste convaincue que le Président de la République sera dans l’obligation de changer de politique et de nous annoncer enfin un plan de relance digne de ce nom notamment sur le pouvoir d’achat. Qu’il ne nous dise pas que les marges de manœuvre n’existent pas : la loi TEPA comme les niches fiscales constituent des opportunités claires.

*

            Ce véritable plan de relance devra être coordonné avec nos partenaires européens, comme il devra être accompagné d’une action propre à l’Europe.

            C’est ce qu’ont demandé les leaders du Parti Socialiste Européen lors de la réunion du 1er décembre à Madrid. Cette relance s’appuie sur des programmes majeurs d’investissements dans les infrastructures, les économies d’énergie sur les bâtiments, l’accès à internet, mais aussi sur le capital humain : recherche, éducation, formation. Cet appel des leaders socialistes demande aussi des mesures spécifiques pour accompagner les bas salaires et les salariés privés d’emploi.

            Nous sommes en effet convaincus qu’il ne suffira pas d’instituer quelques règles prudentielles pour les banques, de changer le statut des agences de notation pour changer réellement la situation. Il nous faut agir vite et ensemble, sur le terrain économique et social, mais il nous faut surtout défendre une autre Europe.

            C’est en cela que l’année 2009 est une année décisive, plus décisive encore.  Car pour les socialistes français comme pour les socialistes européens, si la crise requiert des réponses urgentes, elle nécessite surtout de remettre en cause le modèle libéral, le tout consommation, la rentabilité financière à court terme, l’individualisme qui entraînent la montée des inégalités et les tensions pour notre société. C’est bien un autre modèle que nous devons construire en Europe. Il n’y a pas de gauche sans projet européen.

Oui, l’année 2009 sera décisive, car les européens peuvent choisir de donner la majorité à la gauche au parlement européen, pour donner un nouveau sens à l’Europe.

Et ce d’autant plus que les pouvoirs du Parlement sont en passe d’être renforcés et que les électeurs vont désormais peser sur le choix du président de la Commission.

Il appartient à la première puissance économique et au plus grand marché du travail du monde de proposer un modèle de société qui correspond à ses valeurs et son histoire.

Faisons cela au nom de ce que nous sommes et d’où nous venons ! L’Europe est un espace de civilisation unique au monde, qui plonge ses racines loin dans l’Histoire. L’Europe est l’héritière de la Grèce et de la Rome antiques, elle a porté l’idéal humaniste de la Renaissance, elle a été la matrice des Lumières, elle a donné naissance, dans les luttes politiques et syndicales, à la démocratie moderne et au socialisme.

Aussi, l’Europe est le seul continent qui croit que les hommes et les femmes sont maîtres de leur destin. La droite l’a livrée aux seules forces du marché. Et comme le dit si bien le Manifesto adopté à l’unanimité des 33 partis socialistes et sociaux-démocrates à Madrid le 1er décembre dernier : « la droite suit le marché, nous nous suivons nos convictions ». «  La droite propose de s’adapter au marché, nous proposons de façonner notre avenir ».

Le volontarisme et l’humanisme, voila l’idéologie de l’Europe, celle que nous voulons faire renaître. Comme le dit l’historien Elie Barnavi dans son livre « l’Europe frigide » : « L’Europe a oublié son idéologie, cela ne l’empêche pas de fonctionner, mais cela l’empêche d’avancer. »

« Les citoyens d’abord. Un nouveau sens pour l’Europe ». C’est le mot d’ordre et le titre du Manifeste européen qui, complété par les propositions des socialistes français dans quelques semaines, sera la base de la campagne que nous mènerons avec la même force et le même enthousiasme que ceux qui ont créé l’Europe. Je m’y engagerai fortement avec tous les socialistes.

Sans entrer dans le détail de ce texte pourtant très fourni et très précis, il faut dire simplement combien nous faisons nôtres les points majeurs qu’il porte :

-la volonté de donner toute sa place à l’économie réelle contre la finance et de faire de l’Europe le leader mondial contre le changement climatique. Il s’agit certes de réguler les marchés financiers, de mettre fin aux paradis fiscaux, mais aussi de s’engager fermement dans une croissance intelligente et écologique pour l’emploi, avec 10 millions d’emplois à la clé.

-en second lieu, enfin !, les socialistes européens fixent les conditions d’un modèle social européen plus juste au service des citoyens. La clause de progrès social pour empêcher le dumping, un cadre juridique pour les services publics, des salaires minima décents dans tous les pays, et bien d’autres propositions pour définir une Europe sociale ambitieuse et concrète dans le sens du progrès.

- permettez-moi ensuite de vous dire combien je suis heureuse qu’au sein des objectifs fondamentaux, figure la promotion de l’égalité entre les sexes, dont l’Europe peut aussi devenir le leader mondial. Que le PSE-femmes en soit remercié et particulièrement sa Présidente Zita Gurmaï, qui, symbole ô combien important, est membre de notre Secrétariat National.

- Mais bien sûr l’Europe, dans le Manifesto, souhaite aussi reprendre toute sa place dans le monde, porteuse de paix avec une voix forte et unie, porteuse d’humanité et de solidarité, avec une ardente obligation vis-à-vis du Sud alors que s’achève l’année 2008 qui a vu des émeutes de la faim en Afrique et en Amérique du Sud. Là aussi, le Manifeste est au rendez-vous.

- Ceci m’amène au rôle de l’Europe sur la scène internationale. Reconnaissons à Nicolas Sarkozy le mérite d’avoir fait parler de l’Europe lors de la crise financière, comme lors du conflit entre la Russie et la Géorgie. C’est une bonne chose.

Mais convenons aussi que, Président de l’Europe, Nicolas Sarkozy a d’abord souhaité que l’on parle de lui. Quitte à aller trop vite avec la Russie qui ne respecte pas le plan de paix en Géorgie en maintenant une présence militaire en Ossétie du Sud. Quitte, par un jeu trop personnel, à sérieusement émousser les relations pourtant majeures entre la France et l’Allemagne. Quitte à n’avoir pas réussi à porter un plan européen de relance faute de le réaliser lui-même en France.

Oui, l’Europe est attendue. Une Europe forte de ses valeurs. Une Europe unie dans son combat. C’est aussi là l’enjeu des élections de juin.

L’année est aussi décisive pour le Proche Orient, pour lequel l’Europe doit jouer son rôle.

Permettez-moi de penser avec force en ce moment à ceux qui souffrent et qui meurent.

Ma conviction, celle du Parti Socialiste est double :

- Nous devons continuer à nous battre pour la paix c'est-à-dire pour l’existence d’un Etat palestinien respecté dans ses frontières comme d’un Etat Israélien vivant dans la sécurité. C’est au nom de ce message de paix que le Parti Socialiste a condamné l’attaque israélienne qui a causé des centaines de morts et de blessés et enfoncé un peu plus la population de Gaza dans des conditions de vie abominables et une humiliation permanente. Au-delà du cessez-le-feu annoncé, nous demandons le retrait immédiat des troupes israéliennes de Gaza, l’arrêt des tirs de roquettes du Hamas, l’arrêt du blocus de Gaza, la mise en place de couloirs humanitaires, et d’une force d’interposition. Comme je l’ai dit, le Parti Socialiste prend des initiatives. Je redis ici que le combat pour la paix ne peut être confisqué par les communautés ou les religions, pas plus qu’il ne peut s’accompagner de slogans de haine, de rejet de l’autre, de racisme ou d’antisémitisme.

- Notre seconde conviction, c’est que l’ensemble des citoyens du monde doivent se sentir concernés au premier chef par ce conflit. La communauté internationale a laissé bien seuls les protagonistes, avec les Etats-Unis en arrière plan. Il est temps que les institutions internationales et notamment l’ONU présentent un véritable plan de paix. C’est à quoi les appellent de nombreuses voix israéliennes et palestiniennes. L’ONU a su créer l’Etat d’Israël en 1948 ; elle doit aujourd’hui être capable d’en faire de même avec un Etat palestinien tout en garantissant la sécurité et les frontières d’Israël. Et, au sein de la communauté internationale, l’Europe unie doit prendre toute sa part.

 Plan de trêve, plan de paix, voilà les deux étapes ! La communauté internationale a manqué de volonté pour construire la paix au Proche Orient ; elle doit mettre fin à cette désertion coupable en agissant avec l’ensemble des acteurs de la région.

La France a un rôle un jouer, un rôle que lui donne son attachement à la région, fruit de l’histoire, de la mémoire, de la culture. Fruit aussi de notre singularité en Europe : notre nation compte la plus grande communauté juive d’Europe et la plus grande communauté arabe musulmane. Et nous vivons ensemble ! Et nous voulons continuer à vivre ensemble ! Dans la solidarité, dans l’égalité, dans la fraternité, grâce à ce diamant qu’est la laïcité, ce joyau que nous voulons faire partager contre toute perspective de choc des civilisations dans le monde et d’importation des conflits dans chaque pays.

Au Proche Orient, le conflit est politique, et sa solution doit être politique. Dans cette année décisive dont la tonalité est grave, après que les armes se soient vraiment tues, nous l’espérons dans les heures qui viennent, quel plus bel espoir peut-on partager ensemble que celui d’une amorce de paix au Proche Orient ?

Elle ne pourra avoir lieu sans les Etats-Unis. Au moment où s’ouvre, nous l’espérons, une nouvelle ère, tendons la main à OBAMA pour faire du rêve qu’il a exprimé une réalité : un multilatéralisme réel, des Etats-Unis porteurs de paix dans le monde et de justice en leur sein, impliqués dans le combat pour l’avenir de notre planète.

Président des Etats-Unis dans une période de crise, il sera sans doute tenté de défendre les seuls intérêts de son pays. Il aura besoin de l’Europe pour réaliser ce rêve, et nous aurons besoin de lui pour porter le modèle européen fait de volontarisme et d’humanisme partout dans le monde.

 

*

Crise financière, récession économique, conflit au Proche-Orient : on le voit bien, pour ces trois défis majeurs sur lesquels s’ouvre cette nouvelle année, l’Europe représente un espoir de solution.

Une nouvelle Europe est nécessaire. Une nouvelle Europe est possible. Cette Europe-là, cette Europe nouvelle, seuls les socialistes et les socio-démocrates européens sont capables de la construire ! Parce qu’ils sont les seuls à en avoir la volonté !

Dans ce combat-là qui passe par les élections de juin au Parlement Européen, je prendrai toute ma part, entourée de tous les militants, de tous les candidats et de tous les responsables du PS. Mais au-delà, nous engagerons une grande campagne d’adhésion au Manifeste des socialistes français et européens et nous appellerons tous ceux qui le souhaitent, au-delà de nos rangs, à devenir les militants, les ambassadeurs de cette nouvelle Europe. Avec la volonté de convaincre et de gagner.

Une belle année 2009 pour la France et les Français serait une année qui verrait les socialistes et sociaux-démocrates majoritaires au Parlement européen après les élections européennes de juin. Cette Europe que nous voudrions voir incarner par l’installation d’un socialiste à la présidence de la Commission européenne.

*

Voilà la feuille de route des socialistes !

Dénoncer, proposer, agir.

Dans cet esprit, je souhaite vous annoncer, après en avoir discuté avec le Président du  groupe socialiste à l’Assemblée Nationale et les principaux dirigeants de notre Parti, que le PS déposera une motion de censure dans les jours qui viennent, afin qu’elle soit débattue la semaine prochaine.

*

Je veux terminer, en m’adressant à travers vous, aux Français. D’abord, à ceux qui sont isolés, à ceux qui souffrent, à ceux qui sont dans l’angoisse.

Et à tous les Français, j’adresse pour 2009 mes vœux les plus chaleureux de bonheur et leur souhaite de retrouver le chemin de l’espoir.

A la France, comme à l’Europe, je souhaite de vivre cette année en paix, dans la solidarité et la fraternité.

 

Publié dans Parti Socialiste

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